ENCORE ÉCRIRE
Maint’nant que nos stylos s’effacent
Qu’à contrecœur ils cèdent la place
Aux touches de nos ordinateurs
Maintenant que nos pages blanches
Prennent la poussière sur une planche
De radiateur
Maint’nant que les jours sont comptés
Pour nos carnets, pour nos cahiers
Nos manuscrits de poésie
Maintenant qu’ils sont remplacés
Par les écrans verglacés
De nos ordis
Sans rire
Comment peut-on encore écrire ?
Selon qu’on les tape au clavier
Ou qu’on les pêche dans l’encrier
Les mots n’ont pas la même couleur
Les mots ont-ils la même chaleur ?
Les feuilles volantes ça fait longtemps
Qu’elles s’envolent plus avec le vent
Elles dépriment dans leur disque dur
L’orage ne vient plus l’été
Les mélanger pour trouver
D’autres tournures
Quand on écrivait à la main
L’histoire de nos plus beaux chagrins
Tout prenait corps dans le réel
Et l’encre bleue sur les feuillets
Avec nos larmes peignaient
Des aquarelles
Sans rire
Comment peut-on encore écrire ?
Selon qu’on les tape au clavier
Ou qu’on les pêche dans l’encrier
Les mots n’ont pas la même couleur
Les mots ont-ils la même chaleur ?
Qui viendra sauver nos ratures
Nos maladresses en écritures
Nos illisibles mots d’amour ?
Et tous nos mauvais caractères
Qui n’dévoilaient leurs mystères
Qu’au petit jour ?
Sans rire
Comment peut-on encore écrire ?
Sans rire
Comment peut-on encore écrire ?