Mais y'a le rose
Il a flingué les jours d’hiver
Détricoté nos pull-overs
Avec ses bourgeons révolvers
Le vert
Il se croit l’âme de l’univers
La vie, la poésie, les vers
Moi j’le veux pas au fond d’mon verre
Le vert
À part son ciel admira-bleu
Il a un goût discuta-bleu
Et des rimes imprononça-bleues
Le bleu
Au travail, infatiga-bleu
Sur la peau, insoutena-bleu
Il fait tous les coups penda-bleus
Le bleu
Mais y’a le rose
Le soleil d’un pétale de rose
L’envol au loin des flamants roses
Mais y’a le rose
Mais y’a le rose
Le velours d’un bébé tout rose
La vie quand le bonheur l’arrose
Mais y’a le rose, mais y’a le rose
On le croit fragile et tremblant
Mais il est froid comme le mont Blanc
Tranchant comme un bout de fer-blanc
Le blanc
S’il brille, ce n’est qu’un faux-semblant
Tout l’monde le sait, c’est accablant
C’est lui qui fait les cheveux blancs
Le blanc
Le soir sur les coeurs vert-de-gris
Il peint des visages amaigris
Il a confisqué les grigris
Le gris
Il prend l’espoir, le rabougrit
Le rend pitoyable ou aigri
Puis passe en se roulant du gris
Le gris
Mais y’a le rose
Le soleil d’un pétale de rose
L’envol au loin des flamants roses
Mais y’a le rose
Mais y’a le rose
Le velours d’un bébé tout rose
La vie quand le bonheur l’arrose
Mais y’a le rose, mais y’a le rose
Il enlève quand il broie du noir
Les garde-fous des promenoirs
Il est l’envers des patinoires
Le noir
C’est lui qui tient dans la baignoire
Le rasoir de nos idées noires
C’est lui le sang sur le peignoir
Le noir
Mais y’a le rose
Le soleil d’un pétale de rose
L’envol au loin des flamants roses
Mais y’a le rose
Mais y’a le rose
Le velours d’un bébé tout rose
La vie quand le bonheur l’arrose
Mais y’a le rose, mais y’a le rose